Optimisation d’images et dithering
De plus en plus de site utilisent des images tramées en se prétendant écoresponsables. Elles utilisent la technique du dithering (ou diffusion d’erreur). Dans la majorité des cas, c’est du pur bullshit. Le discours, aussi dithyrambique soit-il, ne fait pas un site écologique.
À moins de prendre quantité de précautions, une image pixelisée en PNG sera presque toujours plus lourde qu’un simple fichier JPG.
Ce billet n’invente rien. Le sujet a déjà été bien documenté par HTeuMeuLeu dans Éco-conception et dithering, qu’il vaut la peine de lire et dont il vaut la peine de citer la conclusion:
Moralité: si on vous a vendu du dithering en guise d’éco-conception mais que vos images sont aussi lourdes que des JPG bien compressés, alors… votre tramage se rapporte à votre plumage.
Pour voir les images en taille réelle, il faut utiliser une option comme «Ouvrir l’image dans un nouvel onglet». Cette page devrait être vue sur un écran d’ordinateur plutôt que celui d’un téléphone pour bien visualiser les différences (parfois ténues).
Images en JPG
Comme exemple, une image libre qui fait «jardin numérique aux Pays-Bas», trouvée chez Pixabay:

Image originale de Pixabay, en JPG, 1280X853px, 221Ko.
L’image passe dans Squoosh, sans paramètres particuliers. Elle est 2 fois plus légère, sans différences notables:

Image optimisée avec Squoosh, en JPG, 1280X853px, 104Ko.
Nouveaux formats d’image (WebP et AVIF)
Toujours dans Squoosh, toujours sans paramètres particuliers, elle est transformée en WebP (qui fonctionne partout), elle perd encore 40% de sa taille:

Image optimisée avec Squoosh, en WebP, 1280X853px, 67Ko.
Puis en AVIF (dont le support dans les navigateurs est moins bon), et encore un gros rabais sur la quantité de données transférées:

Image optimisée avec Squoosh, en AVIF, 1280X853px, 37Ko.
Images en PNG
Comme les images «branchées et (prétendument) écoresponsables» sont en PNG, notre image de départ est transformée dans Squoosh avec les valeurs par défaut:

Image «optimisée» avec Squoosh, en PNG, 1280X853px, 1.3Mo.
Puis le nombre de couleur est réduit et elle est 8 fois plus légère que la précédente. Mais elle reste plus lourde que le JPG (optimisé), le WebP et l’AVIF. C’est le problème. Par contre, elle a un «style» (et pourrait faire illusion):

Image «optimisée» avec Squoosh, en PNG, 8 couleurs 1280X853px, 152Ko.
Pour alléger vraiment l’image, elle est cette fois très réduite en taille et passe en 4 couleurs:

Image optimisée avec Squoosh, en PNG, 4 couleurs 320X213px, 9Ko.
L’astuce 1, c’est de l’agrandir artificiellement dans le navigateur. Cette image est la même que la précédente, mais forcée à la même largeur alors qu’elle est bien plus petite. C’est pas mal mais le rendu est un peu flou:

Image optimisée avec Squoosh, en PNG, 4 couleurs 320X213px, 9Ko, en largeur forcée à 100%.
L’astuce 2, c’est de l’agrandir en forçant sa pixelisation avec la directive CSS image-rendering: pixelated.
Et là, c’est vraiment net:

Image optimisée avec Squoosh, en PNG, 4 couleurs 320X213px, 9Ko, en largeur forcée à 100%, rendu pixelisé.
Le problème de toute la démarche, c’est de produire des images assez particulières, qui peuvent paraître «moches» à des internautes. Mais on se rassurera en sachant que d’autres les trouveront «remarquablement tendance».
Image optimisée en JPG
Mais si on souhaite afficher une belle «image normale» et légère, rien de tel que bien choisir sa taille et de forcer un peu sa compression, en simple JPG:

Image optimisée avec Squoosh, en JPG, qualité 50, 800X533px, 36Ko.
Elle fait 36Ko, c’est peu. Et c’est très bien ainsi. Le rendu visuel est suffisant pour la grande majorité des usages.
Conclusion
Il est important de s’appuyer sur des mesures fiables plutôt que sur ce que l’on voit (et ce que l’on vous dit). La performance et l’écoconception se mesurent. On ne déclare pas un site web accessible. On ne déclare pas un site rapide. On ne déclare pas un site écologique.
Low-tech Magazine, avec ses images tramées, a faussé plein de choses en partant d’une bonne intention (et alors qu’il faut les choses bien). Aujourd’hui, on croit que copier (visuellement) des idées de ce site, c’est être écoresponsable. Eh bien non!
Les images beaucoup trop lourdes ne sont pas de simples accidents. La maladie est plus grave. Nous sommes dans un monde où le verbiage suffit à convaincre et se convaincre de son excellence. C’est triste.
En attendant de faire les choses mieux, on consomme beaucoup trop de bande passante. Le discours se verdit; le discours seulement.
Ce qui compte, ce n’est pas le «style écologique», mais le poids du fichier et la justesse de son usage (utilité réelle, taille, format, compression, chargement différé et politique de cache).